Le torticolis
Évaluation du trouble fonctionnel
Position et mobilités passives du rachis cervical
Le torticolis – Évaluation du trouble fonctionnel
Le trouble fonctionnel associé au torticolis se manifeste de plusieurs manières : une inclinaison persistante de la tête par rapport au tronc, une limitation des amplitudes cervicales passives en rotation et en inclinaison, ou une différence d’amplitude passive entre les 2 côtés.
Validité de l’outil de mesure
Les mesures de position de la tête par rapport au tronc et des mobilités cervicales passives sont réalisées à l’aide d’un goniomètre transparent de grande taille qui en permet la standardisation et en assure la reproductibilité. La plus grande fiabilité inter-examinateurs est retrouvée pour la mesure de la rotation1.
Description
Rotation cervicale passive
Le goniomètre est tenu en bout de table par le parent. Il est positionné dans le plan vertical, échancrure vers le haut.
L’enfant est allongé en décubitus dorsal, la tête en dehors de table. La main de l’évaluateur, controlatérale à la rotation testée, empaume l’os occipital de l’enfant pour maintenir la tête dans l’axe du tronc. L’autre main de l’évaluateur stabilise l’enfant par un appui faible au niveau du tronc.
La main occipitale imprime une rotation de tête par rapport au tronc, en limitant les mouvements associés (inclinaison et flexion/extension). Lorsque l’épaule controlatérale, entraînée par la rotation céphalique, se décolle de la table, la projection du nez sur le goniomètre indique l’amplitude maximale de rotation cervicale passive.
Position et inclinaison cervicale passive
Le goniomètre est posé à plat en bout de table.
L’enfant est allongé en décubitus dorsal, stabilisé par le parent au niveau du tronc. La charnière cervico-thoracique de l’enfant est positionnée au niveau de l’origine du repère.
Dans un premier temps, l’évaluateur note l’éventuelle inclinaison permanente de la tête par rapport au tronc par la projection de l’axe longitudinal du nez sur le goniomètre.
Dans un second temps, l’évaluateur place ses mains ouvertes de chaque côté du crâne de l’enfant. Il applique une inclinaison en limitant les mouvements associés (rotation et flexion/extension) et s’arrête lorsque la charnière cervico-thoracique quitte l’origine du repère entraînée par l’inclinaison cervicale. La projection de l’axe longitudinal du nez sur le goniomètre indique l’amplitude maximale d’inclinaison cervicale passive.
Applications cliniques
Il peut être difficile de définir si l’arrêt du mouvement est lié à un manque d’extensibilité des muscles cervico-thoraciques ou à une réponse réflexe de l’enfant sous l’effet de la douleur. Ces 2 raisons de limitation de mouvement sont cependant à dissocier aussi clairement que possible pour attribuer les bonnes procédures au cas. En cas de modification du faciès de l’enfant (front plissé et/ou sourcils froncés et/ou bouche crispée), de pleurs ou de gémissements (cf EVENDOL), nous pouvons définir qu’il s’agit d’un arrêt du mouvement lié à une douleur2.
Il est également possible que l’enfant puisse se raidir ou s’agiter sans autres signes de douleurs, par manque de coopération. Dans ce cas, il est difficile de se fier aux mesures et le test doit être répété dans des conditions plus favorables3.
L’inclinaison cervicale permanente ainsi que les valeurs absolues de rotation et d’inclinaison passives cervicales servent à suivre l’évolution du torticolis.
Les rotations cervicales passives maximales ont également une utilité pour définir les procédures de prises en charge envisagées sachant que l’ampleur de la restriction de rotation est prédictive de la durée du traitement. Les torticolis dont la différence de rotation cervicale passive entre les 2 côtés est :
- inférieure à 10° peuvent être pris en charge par un programme actif à la maison d’exercices de stimulation et de positionnement qui a été enseigné aux parents,
- supérieure à 10° nécessitent un programme standardisé d’étirements réalisé par un professionnel de santé1.
D’autres critères permettent d’orienter les prises en charge.
Chez un enfant de plus d’un mois, une inclinaison de tête permanente associée à une plagiocéphalie et à une tumeur sterno-mastoïdienne, ainsi qu’à une différence de plus de 15° entre les rotations cervicales passives nécessitent d’emblée un avis orthopédique1.
L’indication chirurgicale peut aussi être discutée devant la persistance de 2 paramètres après 6 mois de traitements conservateurs :
- une inclinaison résiduelle de la tête par rapport au tronc,
- une différence de rotation cervicale passive de plus de 15° entre les 2 côtés1.
Bibliographie
- Cheng JCY. Clinical determinants of the outcome of manual stretching in the treatment of congenital muscular torticollis in infants. The Journal of Bone and Joint Surgery. 2001;83(5):679-687
- Fournier-Charrière E. et coll. EVENDOL, a new behavioral pain scale for children ages 0 to 7 years in the emergency department : design and validation. Pain. 2012;153(8):1573-1582
- Öhman A.M. Reference values for range of motion and muscle function of the neck in infants. Pediatric Physical Therapy. 2008;53-58